Europae Europes
Vorführungstermine:
am 22. November um 20 Uhr
Eine Lesung in deutscher und französischer Sprache
über die Idee Europa
mit literarischen, philosophischen und historischen Texten von Victor Hugo, Alexander Herzen, Romain Roland, Stefan Zweig, Aline Mayrisch, Frantz Clément, Kurt Tucholsky, Julien Benda, Thomas und Heinrich Mann, Salvador de Madariaga, Albert Camus, Jürgen Habermas, Étienne Balibar u.v.a.
gelesen von Véronique Fauconnet, Claude Frisoni,
Colette Kieffer, Marc Limpach und Jules Werner
Textauswahl Marc Limpach
eine Koproduktion des Kasemattentheaters
mit dem TOL und dem Théâtre du Centaure
“Avant tout, il nous faut aimer l’Europe, cette Europe sonore du ‘rire énorme’ de Rabelais, éclairée du sourire d’Erasme et de l’esprit de Voltaire, où brillent les yeux de feu de Dante, les yeux lumineux de Shakespeare, les yeux sereins de Goethe et les yeux torturés de Dostoïevski. Cette Europe où sourit la Joconde, cette Europe qui vit Michel-Ange et David, cette Europe où brilla le génie spontané de Bach par sa géométrie intellectuelle, où Hamlet cherche dans la pensée le mystère de son inaction et où Faust cherche dans l’action la consolation du vide de sa pensée, où Don Juan cherche dans les femmes rencontrées, la femme jamais trouvée et où Don Quichotte, lance en main, galope pour forcer la réalité et s’élever au-dessus d’elle-même. Cette Europe où Newton et Leibniz mesurent l’infinitésimal, où les cathédrales brillent, comme disait Musset, le genou dans leur robe de pierre, où les rivières, fils d’argent, font des colliers aux cités, joyaux taillés dans l’espace par le ciseau du temps, cette Europe doit naître et elle naîtra lorsque les Espagnols diront: ‘Notre Chartres’, lorsque les Anglais diront ‘Notre Cracovie’, lorsque les Italiens diront ‘Notre Copenhague’, lorsque les Allemands diront ‘Notre Bruges’ et reculeront d’horreur à la pensée d’y porter encore à nouveau des mains meurtrières. Cette Europe alors vivra car c’est alors que l’Esprit qui dirige l’Histoire aura prononcé les mots créateurs: ‘Fiat Europa’.”
Salvador de Madariaga
“Hélas, il n’est pas besoin d’attendre le jugement des historiens. Le fait est déjà là. Et les conséquences en seront désastreuses. Pas seulement pour le ‘projet européen’, ou pour l’Union européenne comme institution, mais pour les peuples qui la composent, et chacun d’entre nous, comme individus et citoyens. Non parce que cette union, dont on nous dit aussi que le seul domaine où elle agisse encore est «la gestion du marché unique», serait un havre de solidarité et de démocratie, il s’en faut de beaucoup. Mais parce que sa désintégration signifiera, à court terme, encore moins de démocratie, au sens de la souveraineté partagée des peuples, encore moins de possibilités d’affronter les défis économiques et écologiques mondiaux, et moins d’espoir de surmonter un jour les nationalismes meurtriers, dont en théorie au moins elle devait nous préserver. (...) Je rêve, n’est-ce pas? Non, j’ouvre la discussion pour que le pire ne soit pas encore le plus sûr. Le pire, c’est la démission, c’est l’aveuglement, c’est le poujadisme historique, même quand il se pare de l’apparence du réalisme. Discutons donc, je vous prie, mais n’attendons pas trop, car le compte à rebours a commencé.”
Étienne Balibar